Les séquelles des pensionnats et la réconciliation : une guérison inachevée
La Journée nationale de la vérité et réconciliation met en lumière les séquelles profondes laissées par les pensionnats autochtones, où des générations d’enfants ont été arrachées à leurs familles, langues et cultures. Cette journée nous rappelle l'importance de reconnaître ces injustices et de les réparer. Toutefois, des critiques soulignent que la réconciliation sans un réel processus de décolonisation reste illusoire. Pour honorer cette journée, il est essentiel de dépasser le symbolisme et de s'engager dans des actions concrètes qui soutiennent les Peuples autochtones et leurs droits.
Valérie Sagine Toussaint
9/30/2024
Les pensionnats autochtones, créés pour assimiler de force les enfants des Premières Nations, Métis et Inuits, ont laissé des séquelles profondes et durables. Ce système a non seulement provoqué des violences psychologiques, physiques, sexuelles et spirituelles, mais il a aussi déraciné des milliers d'enfants de leurs langues, cultures et familles. Ces blessures ne s’arrêtent pas aux individus, elles ont affecté des générations entières et continuent d’être transmises aujourd’hui.
Les archives recensent plus de 3000 décès d’enfants dans ces pensionnats, dont la moitié n’a pas de cause identifiée. Cependant, de nombreux décès supplémentaires sont probables, car les dossiers des élèves étaient souvent détruits cinq ans après leur départ ou leur décès, surtout après 1935.
Face à cette tragédie, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) a été mise en place avec pour mission de reconnaître les expériences vécues, d’établir un dossier historique, d’éduquer le public, et de proposer des recommandations au gouvernement pour répondre aux séquelles des pensionnats. Pourtant, malgré ce travail essentiel, certaines voix critiques mettent en garde contre les limites d’une réconciliation trop rapide ou superficielle.
Critiques essentielles : une réconciliation sans décolonisation ?
Ces critiques sont cruciales, car elles soulignent un risque : celui de réduire la réconciliation à un outil pour apaiser l'inconfort des colonisateurs, sans s’attaquer aux causes structurelles de l'oppression. Selon ces voix, la réconciliation ne peut pas se contenter de pardonner les injustices passées et présentes, mais doit être accompagnée d’un processus de décolonisation véritable.
Les critiques à l'encontre du projet de réconciliation se divisent en deux perspectives majeures :
Réconciliation sans décolonisation est une illusion : Selon cette première vision, tant que le colonialisme continuera à structurer les relations de pouvoir, il sera impossible de parvenir à une réconciliation authentique. La transformation des structures coloniales – restitution des terres, reconnaissance de la souveraineté autochtone, réformes politiques – est impérative pour que la réconciliation soit réelle.
Standardisation des récits et des témoignages : D'autres critiques soulignent que le processus de réconciliation pourrait être affaibli par une "standardisation" des récits, où seuls certains témoignages, jugés acceptables, seraient valorisés. La dichotomie entre "survivants" et "abusés" pourrait minimiser la complexité des expériences et marginaliser les voix les plus dérangeantes.
Ces critiques sont d’autant plus importantes que la tentation est grande pour l’État de vouloir "tourner la page" rapidement, sans remettre en question les structures coloniales encore en place. Comme l’affirmait Alfred lors d’une conférence à Montréal en 2016, tant que le colonialisme persiste structurellement, se réconcilier avec la société canadienne revient à se réconcilier avec le colonialisme. Pour Corntassel, la réconciliation est même qualifiée de "politique de distraction", où le conflit est présenté comme le problème à résoudre, alors qu'il n'est qu'une conséquence de l'injustice perpétuelle subie par les peuples autochtones, toujours aliénés et dépossédés de leurs terres.
Un chemin vers une guérison véritable
Le rapport de la CVR dépasse cependant une réconciliation simpliste, insistant sur l’importance d’un processus profond de décolonisation. La réconciliation ne peut être réduite à un acte symbolique ou à un effort de pacification. Elle doit conduire à une transformation radicale des structures coloniales et à une reconnaissance pleine des droits et des souverainetés des peuples autochtones.
En définitive, ce que ces critiques nous rappellent, c’est que la réconciliation véritable ne peut advenir qu’à travers une remise en question systémique des structures de pouvoir qui continuent d’opprimer les peuples autochtones. La réconciliation ne doit pas seulement apaiser les consciences, elle doit réparer les injustices profondes.
Source: Roussel, J.-F. (2015). La Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les pensionnats autochtones : bilan et prospective. Théologiques, 23 (2), 31–58. https://doi.org/10.7202/1042742ar
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